AGNÈS VARDA – 3+3+15 = 3 INSTALLATIONS
Agnès Varda est une des réalisatrices les plus singulièrement originales du cinéma contemporain international. Elle est aussi la première femme à avoir véritablement fait carrière en tant que cinéaste en France.
Au long d’un parcours profondément atypique et personnel, qui s’étend sur plus de 50 ans, elle a exploré et renouvelé la plupart des genres cinématographiques : la fiction, avec La Pointe Courte (1955), Cléo de 5 à 7 (1961), L’une chante, l’autre pas (1976) ou encore Sans toit ni loi (1985) ; le documentaire, à travers Salut les Cubains (1963), Daguerreotypes (1975), ou Mur, Murs (1982) notamment ; les portraits biographiques enfin, comme Jane B par Agnès V (1987) et Jacquot de Nantes (1990).
La filmographie d’Agnès Varda comprend aussi un grand nombre de courts-métrages, dont L’opéra Mouffe (1957) et Ulysse (1982), qui condensent les traits caractéristiques de son art : son sens de l’observation, sa poésie, son amour des mots, du commentaire, du raccourci. C’est un art qui, parfois ludique et aérien, parfois marqué de tristesse ou de douleur, cherche toujours à célébrer la densité de la vie – la sienne, et celle des autres. En 2000, la sortie du film documentaire Les Glaneurs et la glaneuse révéla à quel point Agnès Varda, comme peu de cinéastes avant elle, a su conserver une fraîcheur étonnante et sa sautillante subjectivité.
La Galerie Martine Aboucaya est très fière d’inaugurer son espace et son programme par la première exposition monographique des installations vidéos d’Agnès Varda. Cette exposition est le résultat d’une nouvelle exploration d’Agnès Varda dans les territoires de la vidéo et du cinéma, démarrée en 2003 avec la création de Patatutopia pour l’exposition « Utopia Station » présentée dans le cadre de la 50è Biennale d’art contemporain de Venise.
L’exposition inclura une nouvelle présentation de Patatutopia (2003), une installation visuelle et sonore sur trois grands écrans dont le projet est né pendant le tournage des « Glaneurs » comme « un hommage aux patates abandonnées, ratatinées et germant à nouveau ». « J‘ai eu la chance de rencontrer des patates en forme de cœur, explique t-elle. Je les ai gardées et regardées. J’aimerais que ceux qui rentrent dans cette installation soient envahis d’émotions et de sourires devant le légume le plus banal et le plus modeste, la pomme de terre, et partagent mon utopie de croire que la beauté du monde résumée dans la beauté des vieilles patates nous aide à vivre et nous réconcilie avec le chaos ».Dans cette exposition, Agnès Varda présentera également deux nouvelles œuvres conçues en 2004 : Le Triptyque de Noirmoutier (2005) et Les Veuves de Noirmoutier (2005).
Installation vidéo sur trois écrans, Le Triptyque de Noirmoutier est construit à partir d’une projection centrale (une scène intimiste avec trois personnages dans une cuisine) et de deux espaces hors cadre que l’on peut choisir de découvrir en ouvrant deux volets latéraux. Ils dévoilent deux autres lieux, l’un, vaste, la mer, l’autre, contigu, celui d’un vaisselier. L’installation combine ainsi la durée d’une scène et l’espace hors-cadre.
Composée à partir de paroles patiemment recueillies de veuves vivant sur l’île de Noirmoutier, l’installation Les Veuves de Noirmoutier se déploie sur quatorze moniteurs disposés autour d’une projection centrale. Celle-ci montre les veuves, toutes vêtues de noir, qui se regroupent puis s’éloignent sur une plage. Les moniteurs, comme des scènes de prédelle, proposent des courts portraits de chacune d’elles.
L’autobiographie, l’engagement politique et poétique, la conception et la pratique du cinéma et de l’installation vidéo comme un mode unique d’ajouter à l’intelligibilité du réel caractérisent cette première exposition d’Agnès Varda à la Galerie Martine Aboucaya. Cette exposition inaugurale reflète idéalement l’inclination de la galerie pour des démarches et des projets artistiques fortement personnels, précis, courageux et libres.
Communiqué de presse et listes des oeuvres :
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