GROUP SHOW – DETANICO / LAIN, PETER DOWNSBROUGH, ANTHONY McCALL, THU VAN TRAN
vernissage le samedi 05 décembre de 18h à 21h
exposition du 05 décembre 2009 au 30 janvier 2010
La galerie Martine Aboucaya est heureuse de présenter une exposition de groupe réunissant Angela Detanico / Rafael Lain, Peter Downsbrough, Anthony McCall et Thu Van Tran.
Détournant les outils du graphisme, Detanico / Lain s’ingénient à élaborer des grammaires picturales faisant office de systèmes linguistiques. Codés, déclinés, entremêlés, leurs idéogrammes incitent au déchiffrement ludique. La même tension entre le lisible et l’illisible se joue lorsqu’ils traitent des images pour les décomposer et les réduire à leur plus simple expression. Chez Detanico / Lain, l’image devient langage et le langage devient image.
Dans Les constellations de l’Alphabet, ils utilisent la classification des étoiles selon les lettres de l’alphabet grec (alpha Andromeda, beta Gemini, etc…) pour dessiner le ciel selon un ordre alphabétique. Ainsi, une nouvelle constellation relie les étoiles alpha, une deuxième les beta… comme des nouvelles possibilités de lecture du ciel, page noire pointillée par les étoiles.
Pour l’animation Étoiles du Nord, la position et les magnitudes des étoiles du ciel du Nord sont utilisées comme principe d’écriture sonore. Sur le fond noir, les étoiles, représentées par les lettres grecques, scintillent les unes après les autres, en une composition de sons déterminée par la position que chaque astre occupe dans le ciel.
Peter Downsbrough, né en 1940 à New Brunswick dans le New Jersey, étudie l’architecture et l’art. À partir de la fin des années 60, après plusieurs années de travail et d’exploitation de matériaux (tels que le carton, le bois, l’acier, le plomb, le néon, etc.) une évolution s’est produite dans son travail, résultant en 1970 dans les Two Pipes (extérieur), Two Dowels (intérieur) et Two Lines (sur papier). Pendant une dizaine d’années, elles seront le vocabulaire principal de l’oeuvre. Le travail des maquettes, comme réflexion de l’espace et de la structure, commence en 1983. L’artiste fait des wall pieces et des room pieces avec ses matériaux préférés ; des tubes en métal, du ruban adhésif et des lettres adhésives.
Le travail de Peter Downsbrough offre une réflexion sur l’importance de la position : celle de la sculpture dans son contexte, celle du spectateur dans son rapport avec l’oeuvre, celle de l’artiste face au monde qui l’entoure. Dans les structures complexes, la position de chaque élément est déterminante. C’est vrai du langage comme de l’architecture. En utilisant des lignes et des mots qui marquent ou soulignent l’architecture, le passage, un dialogue est entamé. Les mots sont parfois coupés en deux, s’ouvrant ainsi à la fois à l’espace qui les entoure comme à l’interprétation du spectateur. Ce sont souvent des prépositions ou des conjonctions, qui disent des relations, laissant chacun libre de choisir les termes qu’ils relient. Ils nous invitent à un autre mode de déplacement du regard, un autre déroulement de la lecture du lieu, du contexte, de l’oeuvre.
Partant d’une recherche formelle sur la représentation de l’espace dans le sens cosmos ou infini, Thu Van Tran matérialise sous des formes géométriques – tels le cercle, la courbe ou les lignes de perspective – des paysages où la présence de l’étendue se répand sur la page. Dans Espace, celle-ci se retrouve plaquée, posée par des vides et pleins, par la forte matérialité des collages autant que des mines de graphite. Guidée petit à petit vers les architectures radieuses, où l’espace se déploie ouvert, aérien, contenu par des plans successifs (comme les intérieurs descendants et montants de la Villa Savoye) l’artiste trace, au delà d’un parcours figuratif, le dessin de la pensée, allant et venant d’un espace dissout à celui d’une reconstitution.
Les Espaces d’Abraxas sont une réplique sculpturale de l’architecture en béton que réalise Ricardo Bofill en 1972 dans la Ville Nouvelle de Marne la Vallée, où l’artiste sur le toit du palais, en 2007, construit une barque en bois. Cette maquette différée rabat au sol de la galerie les dimensions inhumaines du site réel, mais aussi son aspect autoritaire, son bavardage de formes, son béton, sont rendus ici muets dans des blocs de plâtre, lesquels rappellent, par leur aspect refermé et leur traitement, les modules et cellules d’Absalon. L’ambiguïté de la réalisation repose sur cette dichotomie de l’excès à la recherche de pureté, de la fascination au témoignage à charge. En effet, l’artiste sensible à l’histoire sociale de ces projets urbanistiques, entreprend la représentation de leurs contradictions.
L’artiste présente également L’imaginaire ne cédera pas #5 / Un désir nommé Utopie. Incarnant l’histoire sur le point de s’écrire, le livre blanc s’imbibe d’encres colorées, celles-ci stigmatisent la propagation d’une idée rayonnante sur le papier. C’est alors qu’une page grise se détache de l’ensemble, elle traduit l’idée réalisée et révèle sa part d’impossibilité. Le texte de cette page est écrit par l’artiste, retranscrit simultanément en deux polices de caractère Times et Arial, il n’apparaît pas évident à la lecture et souligne le statut étrange d’une rencontre manquée entre deux formes, deux styles.
Anthony McCall s’est fait connaître dès les années 70 pour ses films de lumière solide, notamment Line Describing a Cone réalisé en 1973. Avec ce premier film, il affirme la spécificité du cinéma à travers ses propres composants. Il crée des installations sculptant l’espace grâce à la projection de la lumière, dont le spectateur peut faire l’expérience matérielle. L’oeuvre présentée dans le cadre de l’exposition est une projection récente de l’artiste basée sur ce principe ; Meeting You Halfway.